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12 février 2020

Human Rights Watch dénonce les viols et

Human Rights Watch dénonce les viols et l’esclavage sexuel dans le conflit centrafricain

L’organisation a compilé les témoignages de 296 femmes âgées de 10 à 75 ans abusées par des membres de groupes armés entre 2013 et mi-2017.

Le Monde avec AFP Publié le 05 octobre 2017 à 06h41 - Mis à jour le 05 octobre 2017 à 18h51

Temps de Lecture 3 min.

Des Centrafricaines réfugiées en République démocratique du Congo (RDC) en septembre 2017.Des Centrafricaines réfugiées en République démocratique du Congo (RDC) en septembre 2017. JOHN WESSELS/AFP

C’est un pays sous le joug des groupes armés, qui agissent en totale impunité, que dénonce l’organisation Human Right Watch (HRW). Le rapport de 176 pages intitulé « Ils disaient que nous étions leurs esclaves, violences sexuelles par des groupes armés en Centrafrique », rendu public jeudi 5 octobre, s’appuie sur les témoignages de 296 femmes qui affirment avoir été violées et utilisées comme esclaves sexuelles entre début 2013 et jusqu’à mi-2017 par les deux principaux groupes armés qui opèrent en République centrafricaine (RCA), la milice Séléka, défendant la minorité musulmane, et les anti-balaka, majoritairement chrétiens.

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Dans un pays sans armée ni police et sans système judiciaire fiable, ces crimes restent impunis. Quant aux femmes victimes, elles sont pour la plupart rejetées par la société et leurs familles.

L’ONU avait lancé un premier cri d’alarme dès le mois d’août 2017. Le chef des opérations humanitaires, Stephen O’Brien, avait alerté la communauté internationale des signes avant-coureurs de génocide en Centrafrique. Le rapport de l’organisation Human Rights Watch dénonce quant à lui le viol utilisé comme arme de guerre par des chefs miliciens qui ont encouragé et organisé cette pratique, quand eux-mêmes n’y participaient pas activement.

Témoignages insoutenables

De nombreux témoignages – insoutenables – de femmes exposent dans le détail les multiples viols dont elles ont été victimes sous les yeux de leur mari et de leurs enfants, parfois assassinés lorsqu’ils tentaient de s’interposer. Ces femmes, âgées de 10 à 75 ans, ont été enlevées sur la route de l’école, lors de travaux aux champs ou lors des courses au marché de la capitale Bangui et aux abords des villes de Bambari, Alindao, Boda, Kaga-Bandaro et Mbrès.

Certaines femmes ont été retenues de force, pendant dix-huit mois, sur des bases militaires – aussi bien par des Séléka que des anti-balaka – et utilisées comme esclaves sexuelles, subissant plusieurs fois par jour les assauts des combattants. Elles ont été mutilées et se sont retrouvées avec des os fracturés, des traumatismes crâniens, des brûlures. Certaines ont contracté le VIH et au moins treize femmes, dont trois mineurs, sont tombées enceintes de leurs bourreaux.

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« Ces viols ont été utilisés comme un moyen de revanche sur l’autre camp », estime le rapport, et les femmes délibérément attaquées en fonction de leur affiliation religieuse. « Les groupes armés ont utilisé le viol comme une manière brutale et délibérée de punir et de terroriser les femmes et les filles », assure Hillary Margolis qui a enquêté pour le compte de HRW.

L’organisation estime que le nombre de cas est certainement très supérieur mais que les femmes redoutent toujours d’évoquer ces violences sexuelles par tabou et crainte de représailles de miliciens jamais été inquiétés par la justice. Les faits s’apparentent pourtant, selon l’organisation, à des crimes de guerre et pour certains à des crimes contre l’humanité.

Des crimes contre l’humanité

Ce rapport sort alors que le Conseil de sécurité doit renouveler au mois de novembre le mandat de la Minusca, la mission de l’ONU en RCA : 12 870 casques bleus sont actuellement déployés dans le pays, mais se sont révélés incapables d’empêcher les groupes armés de commettre ces crimes sexuels et d’assurer la protection des civils, pourtant au cœur de leur mandat.

Le 12 février 2016, les soldats rwandais patrouillent les rues de Bangui, en Centrafrique.Le 12 février 2016, les soldats rwandais patrouillent les rues de Bangui, en Centrafrique. Jerome Delay/AP

La réputation de la Minusca a aussi été entachée par de nombreuses allégations (85 à ce jour) d’abus sexuels commis par des casques bleus. Les informations recueillies par HRW doivent ramener un peu d’attention sur la RCA et pousser les diplomates à décider des sanctions contre les commandants des deux camps reconnus coupables d’avoir participé ou organisé ces violences sexuelles. Les noms de six commandants identifiés par des victimes ont été publiquement révélés par HRW.

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L’organisation plaide aussi pour la concrétisation rapide de la Cour criminelle spéciale (SCC) créée en mai pour juger des crimes commis par les groupes armés depuis 2003. Composée de juges nationaux et internationaux, cette cour est le seul espoir de briser le cercle vicieux de l’impunité, selon HRW. Son succès dépend maintenant du soutien politique et financier qui lui sera apporté par le gouvernement centrafricain et ses partenaires internationaux.

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